Herbes à peine / Semé d'un sinon

Herbes à peines / Semé d'un sinon a été composé pour se déployer au travers de deux oeuvres de la plasticienne Susanna Fritscher : Flügel klingen schwingen tönen Kreis, pièce sonore dont Herbes à peines / Semé d'un sinon est un prolongement musical possible ; et Für die Luft, monumental labyrinthe de fils et delumière à l’intérieur duquel s’inscrivent les musiciens et se déploie leur son. Ces deux oeuvres ont été présentées, accompagnées de quelques pièces de la série Souffles, lors de l’exposition De l’air, de la lumière et du temps consacrée à la plasticienne pour la réouverture du Musée d'Arts de Nantes, de juin à octobre 2017, dans le patio du Musée, grand espace en forme de cloître surmonté d’une coupole et entouré d’une galerie. Herbes à peines / Semé d'un sinon a été créé dans ce patio par l’ensemble InSoliTus à la fin de l’exposition, le 24 septembre 2017.
Le début du titre de la pièce, Herbes à peine, désigne ces moments d’écho musical à la douce et subtile vibration de l’espace de Für die Luft : danse en apesanteur de l’ensemble instrumental formant le pôle sonore des musiciens, que vient compléter le pôle « sonique » de Flügel klingen schwingen tönen Kreis. Cette deuxième installation, constituée de quatre « hélices soniques » (Les « hélices soniques » sont une création de l’artiste Susanna Fritscher et ont été programmées par Didier Warin) accrochées au plafond de la galerie entourant le cloître, est intégrée à la composition comme un nouvel instrument spatialisé.
Si Herbes à peine fait référence, de mon point de vue au moins, à une sensation musicale, le deuxième élément du titre, Semé d’un sinon, reflète un pan plus conceptuel de l’écriture irriguant toute l’oeuvre. Dans la partition, plusieurs éléments sont en effet soumis à des degrés divers de variabilité, de la simple alternative, ou du placement libre d’une note dans un cadre temporel donné, à des parties quasi improvisées à partir d’un répertoire limité de notes et de rythmes. Cette variabilité permet la réalisation toujours différente de séquences répétées liées à la nature cyclique de la composition, et participe à donner l’impression d’un temps qui s’écoulerait « sur-place » sans pourtant jamais être immobile, comme les orchestres des gamelans savent si bien le faire à Java. Elle permet aussi d’adapter le nombre de ces répétitions au contexte ou à l’acoustique de la salle, dimension importante pour une musique créée au centre d’un espace d’une telle force visuelle, sensible, sonore, sur l’écoute et la réception du morceau par le public.