Soixante et quelques mains pour la Nativité
ISMN : 979-0-2325-3746-7
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Michèle Reverdy
Soixante et quelques mains pour la Nativité
mélodie pour voix de baryton et ensemble instrumental
fl.htb.cl.bs.cor, percussion, v1.v2.a.vc.cb.
5 minutes 30
2017
Oeuvre composée à la demande de Dietrich Henschel pour un concert de Noël.
création prévue en Décembre 2019 par Dietrich Henschel et l'Ensemble Unitedberlin,
à Berlin, Konzerthaus.
J'ai commencé par chercher, en vain, un texte qui aurait trait à Noël.
Je voulais un texte français puisque Dietrich Henschel a demandé à des compositeurs d'origines diverses d'écrire pour lui et j'ai pensé que chacun écrirait dans sa langue…
Je ne trouvais rien de satisfaisant, car les rares bons textes français parlant de Noël ont déjà été mis en musique, et les autres sont trop bêtifiants.
Noël est la fête de la nativité. Cela m'a donné l'idée de me tourner vers la peinture.
J'admire depuis longtemps la Nativité peinte par Hugo van der Goes que l'on connait sous le nom de Triptyque Portinari.
Ce qui a tout d'abord attiré mon attention dans cette œuvre, c'est l'inversion des perspectives: les bergers du second plan sont beaucoup plus grands que les anges du premier plan.
Il y a d'ailleurs une profusion d'anges tristes à tous les étages de la toile…
J'admire aussi la ligne de fuite et l'enchaînement des différents plans jusqu'au fond du paysage.
Il se dégage cependant une certaine angoisse qui semble annoncer le malheur que cette naissance va produire.
Un Jésus, minuscule, tout nu posé sur le sol, malingre, n'inspire pas un sentiment de félicité…
On sent peser sur la Vierge une lourde tristesse.
Les donateurs sont austères et la présence de Saint Thomas et de Saint Antoine ne porte pas à l'allégresse.
Hugo van der Goes (inconsciemment sans doute) nous prévient du danger auquel les religions exposent le genre humain.
J'ai signalé cette toile à Christian Doumet - poète et ami - avec qui j'ai souvent collaboré avec bonheur (Nouvelles du monde après, Fable de la mort et du boxeur, La Donation du monde).
Il n'a pas vu les mêmes choses que moi dans le triptyque de van der Goes. Il a évoqué le secret d'une Marie-Madeleine – enceinte peut-être – qui tient fermé un vase d'onguent, mais surtout il a été fasciné par le nombre et la diversité des mains de tous les protagonistes.
Ces mains qui façonnent le monde, en bien et en mal.
Il en est résulté un texte étrange, mais fort, que j'ai eu envie de mettre en musique.
Editions Babelscores Contemporary Music Online
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Pages - 26