Parcours fléchés

Bien que l’idée des parcours fléchés puisse évoquer celle du sens directionnel précis, non déviant, sa pluralité et surtout, ses enchevêtrements pourraient plutôt connoter celle du labyrinthe où plusieurs chemins peuvent s’ouvrir à partir d’un point quelconque en s’opposant entre eux.C’est ainsi que les matériaux musicaux engendrent ici des parcours directionnels qui interfèrent entre eux provoquant des « hyper flèches » sorte de monstre émergeant à plusieurs têtes.Parfois ces parcours ce ne sont que des îlots structurés qui replongent dans l’anonymat après avoir souplement émergé. C’est le cas d’une esquisse de concerto pour clarinette qui n’aboutira jamais. Le vide semble l’emporter.Tous ces parcours se neutralisent sur un point : un si aigu qui deviendra de plus en plus présent, pesant même, comme un attracteur simple, vrai pôle de convergence des processus. Vers la fin, une texture homorythmique contribue à unifier les parcours, mais il est peut être tard, le pôle l’absorbera aveuglement.L’une des figures principales de l’oeuvre est issue d’une autre de mes pièces nommée Twist (1998). Je constate à cette occasion une double coïncidence, sorte de double hommage inconscient à Gerard Grisey.Le premier hommage, je l’ai découvert un an après la composition de ma pièce, la ressemblance entre le début de vortex temporum (1996) et le début de la quatrième pièce de TwistLe deuxième : Ma décision de revenir à cette figure de façon plus expansive dans parcours fléchés méconnaissant la programmation de Vortex temporum dans le même concert. Tant d’hommages involontaires imposent de ma part une pensée très forte pour celui qui a été un créateur extraordinaire et, sur le plan intime, une voix précieuse, critique et passionnée durant mes dernières années d’études mais qui résonne toujours intensément dans ma mémoire.
Création : le 9 avril 2006 à Radio France par l’ensemble l’Itinéraire. Direction Mark Foster.