Cinq paysages avec figures absentes

Cette pièce a été écrite en 2009. L’ensemble instrumental est constitué de 16 saxophones, séparés en quatre quatuors, comprenant chacun un soprano, un alto, un ténor, un baryton. L'idée principale  est de faire dialoguer ces quatuors entre eux, en utilisant des techniques d'écriture les plus variées possibles; de la simple homophonie jusqu'à une polyphonie plus complexe, en passant par l'hétérophonie et  différents procédés de résonance ou de réverbération. Le matériau musical est confié principalement au premier quatuor devant, à gauche du chef, les parties des trois autres quatuors étant une prolongation, un commentaire  de ce matériau exposé préalablement. La pièce se divise en 5 parties, enchaînées entre elles. On peut y remarquer l'alternance entre  des  atmosphères agitées, tendues pièces  2 et 4,  qui viennent contraster avec des pièces au caractère plus introspectif et méditatif pièces no. 1, 3 et 5.  Le matériau musical est constitué de formes plastiques, de contours, d’espaces. Il n’est pas pensé en terme de figures ou de cellules mélodiques. Il n’y a pas non plus de développement au sens habituel, mais un travail sur la continuité, sur la transformation progressive des textures sonores et des situations musicales. De celles-ci s’échappent sans cesse des ébauches de contours. Une mélodie, un rythme semblent se dessiner, la texture paraît se solidifier en une configuration reconnue, un paysage clairement identifié. Mais aussitôt  ces éléments apparemment familiers sont réabsorbés dans le flux sonore. Les semblants de contrepoint ne sont en fait que des textures, des nuages sonores dans lesquels sont découpées les lignes instrumentales. La trame harmonique est elle aussi en évolution permanente; elle se développe à travers de grands processus toujours continus. Le parti pris non événementiel entraîne une impossibilité de distinguer, au cours de l’œuvre, des parties clairement définies. On peut seulement considérer cinq  régions séparées par des moments où les processus d’évolution se renversent. Les notes n’ont donc pas d’importance par elles-mêmes. On ne les individualise pas, on entend seulement l’évolution qui résulte de leur présence. La recherche de fusion instrumentale, et le véritable alliage de timbres entre les saxophones des différents quatuors viennent encore renforcer ce caractère. Inspiré de Philippe Jaccottet.