Daily Colotomy

À Java ou Bali, on appelle colotomie la structure temporelle des morceaux,
jouée aux gongs les plus graves. Cette façon de strier régulièrement le temps, soulignant avec des instruments dont c’est l’unique fonction ce qui se rapprocherait de l’idée occidentale de carrure, vient de certaines musiques rituelles ou de processions sur lesquelles, avec le temps, se sont agrégées mélodies, ornementations, hétérophonies diverses, chants, ainsi que d’autres instruments, pour aboutir à la musique et aux orchestres de gamelan tels qu’on les connaît aujourd’hui (formés de gongs verticaux et horizontaux, lames, mais aussi rebab, flûtes, chanteurs). Mais il existe des gamelans de rue qui ne peuvent disposer de ces grands et couteux instruments, les musiciens les remplacent alors par n’importe quel objet résonnant faisant fonction de gong : plateau en bronze, pied de lampe, etc.

L’idée, dans ce quatuor, est d’isoler cette structure ou colotomie sous une
forme s’approchant d’une installation d’objets. Quatre objets-gongs issus de la vie quotidienne sonnent, plus ou moins régulièrement, formant des arêtes de temps entre lesquelles les musiciens viennent progressivement s’ajouter, développent, ornent ou submergent cette mélodie résonante.