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Iridescences
ISMN : 979-0-2325-5719-9
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Pour théorbe et environnement électroacoustique
À Caroline Delume et Anne Montaron
Commande de Radio-France
L’iridescence est la faculté qu’ont certains corps composés de microstructures complexes de faire apparaître différentes couleurs selon l’angle de vue adopté et l’intensité de la lumière qui se dépose sur eux.
Dans cette rencontre avec Caroline Delume et le théorbe, j’ai été projetée
immédiatement vers le fabuleux qui, s’il relève du récit imaginaire, de la mythologie, crée aussi des passerelles entre l’histoire et la légende, l’extraordinaire, l’invraisemblable et le réel.
Hors le téorbe apparaît à la fin du seizième siècle pour prolonger le luth d’origine perse, arabe, asiatique... nous renvoyant ainsi à des temps immémoriaux, des instruments très anciens, parfois anthropomorphes ou zoomorphes. Puis il disparaît au 18ème pour réapparaitre au 20ème et mieux nous étonner. Notre regard redécouvre un instrument aux proportions impressionnantes, à la forme surprenante avec ses deux chevillers, ses
cordes du grand jeu comme autant de notes polaires suspendues au-dessus du vide, sa coque en bois fins et ses rosaces dont les délicates sculptures ornent le passage de l’intérieur du corps sonore vers l’espace accueillant ses vibrations graves et envoutantes.
Son apparente fragilité, son aspect singulier voire merveilleux, son effacement et sa résistance séculaires, nous font osciller entre tangible et intangible, exerçant un attrait considérable et un désir de prospections sonores.
Et puis il y a la rencontre avec Caroline Delume qui cherchait des paysages de montagnes où s’accroche la brume matinale. Je l’ai invitée chez moi. La simplicité de la rencontre était à la mesure de mon admiration face à un parcours dédié en grande partie à la création d’oeuvres d’éminents compositeurs, seule ou dans des ensembles prestigieux dirigés par des chefs remarquables.
Sous ses doigts s’ouvraient tant de champs d’explorations, avec cette passion inépuisable pour la recherche qui repousse sans cesse les frontières des possibles.
Le choix d’un environnement électroacoustique pour le Théorbe est une manière de faire cohabiter une lutherie ancienne avec une lutherie actuelle, créer une dialectique (dépassement des contradictions apparentes) pour prolonger l’instrument à nouveau ainsi que son histoire. Transformer les sons réels, les abstraire du reconnaissable, leur donner une nouvelle dimension évocatrice et pourtant mystérieuse, révéler l’infinitésimal, l’inaudible à l’oreille nue, inventer des gestes musicaux nouveaux, faire
cohabiter ces sons premiers avec ses métamorphoses, tels sont les desseins de cette nouvelle composition.
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