Studies in Green Textures: III. Springing

Springing
Étude no 3 tirée de Studies in Green Textures

Studies in Green Textures
La caractéristique du piano qui m’a toujours le plus intéressé, et qui représente à mon sens sa quintessence, est sa capacité à produire des textures complexes et insaisissables. Cette particularité de l’écriture pianistique, qui me semble encore contenir une part de mystère, éveille spontanément en moi les sensations synesthésiques les plus fortes et les plus riches. Les Studies in Green Textures explorent certaines de ces denses trames de sons-couleurs, en utilisant de multiples techniques instrumentales idiomatiques.

Un aspect des textures qui me fascine particulièrement est le jeu avec la perception de l’interprète et de l’auditeur. Lorsque les sons se déplacent trop rapidement pour qu’il soit possible de suivre leurs trajectoires individuelles, l’écoute a tendance à se concentrer sur le phénomène sonore global. Mais l’auditeur, et l’interprète, peuvent constamment filtrer le flux de sons en mouvement et en extraire des fragments, poursuivant brièvement des détails insaisissables. Des bouts de phrases attirent fugitivement l’attention pour ensuite replonger dans le courant, disparaissant pour laisser apparaître immédiatement d’autres éléments.

Ce mouvement continu de l’ensemble vers les détails et inversement, cette navigation incessante dans la texture, donnent lieu à l’illusion de multiples plans sonores simultanés qui ne se révèlent jamais entièrement.

Springing
La première partie de Springing est basée sur la technique des notes répétées. Chaque son, joué d’abord lentement, atteint progressivement une vitesse de déroulement plus élevée : la densité maximale de répétition de chaque note dépend du registre dans lequel elle se trouve et de sa position dans une gamme non octaviante. Peu après le milieu de la pièce le principe de répétition n’est plus appliqué à des sons individuels, mais à une cellule répétée, sur laquelle des éléments secondaires